samedi 22 juin 2013

Alhoa " le Mana Hawaïens "




Pour expliquer les bienfaits de la Surf Thérapie, nous nous sommes pour le moment limités à des explications scientifiques. Il existe également des raisons irrationnelles qui nous dépassent pour expliquer notre attirance viscérale pour le milieu marin et la vitalité qu’il nous apporte.
Taki Bibelas a essayé de comprendre pourquoi nous étions si attirés par les vagues. Il a été intrigué par les surfeurs sur la Côte Basque qui pouvaient totalement changer leur vie pour passer seulement quelques secondes à glisser sur les vagues à chaque session. Il a interviewé des surfeurs de légende et les a laissés parler ; on sent dans leurs réponses que l’on approche d’une vérité indicible mais que tout surfeur en symbiose avec l’océan arrive à percevoir.
En réalisant son documentaire « The Still Point« , Taki Bibelas dit avoir appris au moins 3 choses : que la mer est vivante, qu’il y a un point de repos sur les vagues (nous n’y reviendrons pas ici) et que toute chose est faite de vagues. Il nous en a fait une synthèse à l’occasion du TEDx Basque Country 2011 sur l’océan qui s’est déroulé à Biarritz. Je vous invite à lire et à écouter ces entretiens et à réfléchir à ces questions métaphysiques.
L’océan et la vie :
Taki Bibelas est parti de constatations. La courbe d’une vague est une spirale de Fibonacci que l’on retrouve dans les formes des galaxies, de notre ADN ou des plantes. Viktor Schauberger, un naturaliste autrichien considérait dans les années 40 que « l’eau est vivante » et que son mouvement perpétuel symbolisait la vie. Le mouvement de l’eau en spirales pourrait donner de l’énergie comme en témoigne ce surfeur :
Myke Doyle : « Cette énergie traverse notre corps en spirales. Un jour, j’ai amené des gourous qui n’avaient jamais vu de vagues au bord de la mer. Ils se sont assis sur la plage, ont regardé les vagues et les surfers. Ce qui les captivait, c’est que l’eau avait de l’énergie et que la vague avait la forme d’une spirale. Nous savons tous, nous qui surfons, qu’on reçoit comme une décharge électrique quand on rentre dans un tube. C’est quelque chose qui nous transforme. Je crois, après avoir recoupé mes connaissances, que l’énergie se déplace en cercles dans l’eau et qu’une vague concentre toute cette énergie qui nous arrive en spirales. Vous êtes encapsulé dans toute cette énergie et vous recevez cette décharge. Cela va plus loin que de se dire que « wow c’était super ! » d’avoir été dans une masse d’eau en forme de tube. En réalité on ressort transformé d’un tube. »
Les Hawaiiens ont un immense respect pour la Mer qu’ils considèrent comme vivante. Ils demandent même la permission d’y rentrer. Brian Keaulana déclare : « les hawaiiens croient toujours que tout est une entité. L’Océan vit et respire… » Son père Buffalo ajoute que quand il se met à l’eau, il dit toujours merci ; quand il ressort de l’eau, il redit merci à l’océan, comme s’il s’adressait à une personne vivante.
La connexion avec l’Océan :
Taki Bibelas parle également des navigateurs qui pouvaient voyager en mer sans boussole et sans les étoiles du fait d’une connexion avec la mer inexplicable.
Glen Hening : « Les navigateurs polynésiens au long cours étaient capables de parcourir des immensités sans GPS, sans boussole, sans carte, naviguant uniquement avec leur conscience. »
George Downing : « Essayez seulement d’imaginer comment, sans sextant, sans boussole, en lisant l’eau et la manière dont elle frappe le canoë, on a eu et on peut développer ces capacités. C’est à notre portée. Le problème est qu’il y a trop de perturbations, trop de dispersion… »
Claudia Parmenter : « il y avait un aveugle qui naviguait et il ressentait tout dans son na’au. » (le na’au pourrait se traduire par « conscience » ou « esprit »).
Tom Stone : « On vient tous du na’au. On le voit dans la manière dont les arts martiaux sont faits, le centre de l’énergie se trouve là, nous pouvons sentir le rythme des éléments qu’on soit sur terre ou en mer, mais le plus important est que l’on peut ressentir l’océan qui respire. »
On retrouve dans les différents témoignages la notion de respiration de l’océan.
Est-ce que l’eau a une mémoire ? Est-ce que l’océan est vivant ? Pour Taki Bibelas, peu importe la réponse car si on y croit on sera beaucoup plus respectueux envers lui.
Le Mana et l’Océan :
Les Hawaiiens ont un mot pour décrire l’énergie que l’on ressent dans la Mer : le Mana. Même si les définitions du Mana divergent selon les surfeurs que l’on interroge, ils semblent tous le connaître.
« Quelque chose entre dans ton âme quand tu surfes, quand tu joues avec l’élément, tu peux l’appeler « mana », tu peux l’appeler « force de vie »… Il y a quelque chose qui entre en toi. Quand tout est en mouvement, il y a de la puissance derrière. Quand cette eau se déplace et te touche, elle ne touche pas que ton corps, elle te touche aussi intérieurement, et cela t’affecte. Quand tu as vécu cette expérience une seule fois, rien d’autre sur cette planète ne te permettra de revivre la même expérience, jusqu’à ce que tu retournes dans l’océan et que tu recommences. »
Brian Keaulana : « Pour moi le Mana ne signifie pas que je doive plonger dans l’Océan pour avoir le Mana, il me suit partout où je vais. »
Alfred « Manong » Mendoza : « Le Mana est la bonté, c’est le feeling, c’est ce que tu obtiens… Le Mana est comme l’âme. Il est ce que tu ressens. Ton amour pour chaque chose, ton amour pour l’océan, c’est le Mana. L’Amour de l’autre, le sentiment que cela te procure, c’est le Mana. »
L’énergie des vagues et la symbiose de l’homme avec l’océan :
La plupart des gens croient qu’une vague est de l’eau qui se déplace dans l’océan. En fait, ce n’est pas l’eau qui avance mais l’énergie qui imprime une ondulation aux vagues avant qu’elles ne déferlent. Taki Bibelas rappelle qu’une vague c’est avant tout de l’énergie qui se transforme. Il fait une analogie entre le début, le milieu et la fin d’une vague et notre propre existence, pour en conclure que nous sommes aussi comme des vagues.
Mickey Munoz : « une vague d’un mètre ou de 50 centimètres a une énergie considérable. Cette vague a été générée à des milliers de kilomètres de distance ; cela représente beaucoup de puissance. Donc la seule chose à faire c’est apprendre à évoluer en harmonie avec cette puissance. Tu dois devenir l’eau. »
Brian Keaulana surenchérit : « Exactement,  tu dois devenir l’élément lui-même. Pour survivre dans l’océan, tu dois devenir l’océan. Tu dois te sentir fluide, sentir que tu flottes et sentir cette énergie et cette puissance. Tu glisses par moments et tu t’arrêtes par moments. Tu es serein puis chaotique et cette force arrive en toi. Tu gères cette force puis elle se retire et tu te relâches. Tu deviens fluide en toutes choses. Je peux me rendre dans n’importe quelle partie de l’île sans utiliser ma propre énergie, être spirituellement en phase avec l’Océan pour me déplacer à l’unisson avec l’Océan, pour devenir l’Océan… Nous adorons surfer les très grosses vagues. Surfer est la chose la plus facile, survivre est la plus difficile. »
Dorian « Doc » Paskowitz : « Récemment un jeune médecin m’a parlé du travail d’un entraîneur de natation qui a découvert que ses élèves devaient devenir une partie de l’eau et quand ils y parvenaient, ils semblaient échapper à toutes les règles que l’entraîneur leur inculquait. Ils semblaient atteindre un point où l’eau est moins dense et moins résistante. »
Taki Bibelas a voulu comprendre pourquoi on pouvait devenir obsédés par le surf, et il a trouvé des réponses dans la mer. Mais tout surfeur ne comprend pas la magie de l’océan, et c’est bien dommage car Taki tient à rappeler que notre avenir dépend de lui…
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